2017
TRANSPORT
À quoi carbure la transition?
Événement complet
Maintenant que les nations du monde ont accepté d’agir sur les changements climatiques, et que la plupart d’entre elles se sont données des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre, le temps est venu de prendre les mesures qui s’imposent pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Étant donné qu’une grande partie d’entre eux sont consommés pour le transport des biens et des personnes, l’atteinte de ces objectifs nécessitera d’importantes transformations de ce secteur d’activité.
Le symposium annuel Trottier contribue à cette nécessaire transition énergétique en consacrant sa quatrième édition au secteur des transports et aux défis auxquels il est confronté, en explorant certains scénarios envisageables, sachant que de nombreuses
technologies émergentes rendent la transition vers une société sobre en carbone de plus en plus probable.
La technologie seule ne suffira pas, cependant. Mais l’arrivée prévue de technologies de rupture est l’occasion idéale de réévaluer notre portefeuille d’outils de transport. Et si par la même occasion nous revenons sur les objectifs du transport, l’importance du design urbain et les rôles des secteurs public et privé en transport, les gains environnementaux escomptés s’accompagneront en plus de bénéfices économiques et sociaux.
La réussite de la transition énergétique sera d’autant plus probable si nous nous posons d’abord les bonnes questions.
La nôtre est : « à quoi carbure la transition? » Quelle sera la vôtre?
Rencontrez notre conférenciers
Anthony Perl
La transition vers une mobilité post-carbone dans les trois plus grandes villes canadiennes : Montréal, Toronto et Vancouver
Cette présentation analysera l’héritage du développement urbain des infrastructures de mobilité à Montréal, Toronto et Vancouver, afin d’identifier dans chaque cas un point d’appui pour la transition vers une mobilité post-carbone. Nous envisagerons des possibilités d’extension des infrastructures de mobilité électrique ainsi que des stratégies de développement urbain qui encouragent l’accessibilité par des déplacements non motorisés. Enfin, nous examinerons le rôle des agents des transformations de la mobilité, des constructeurs de véhicules autonomes aux organismes de covoiturage. Les éléments d’une stratégie de transition vers une mobilité post-carbone peuvent tous être identifiés à l’horizon, mais il reste à voir si une ou toutes les grandes villes canadiennes sauront saisir l’opportunité de les assembler en un tout effectif. Les enjeux de cette démarche sont considérables et la capacité d’amorcer une telle transition aura un impact concret sur la future résilience des villes et des banlieues canadiennes.
Hervé Levifve
Transition énergétique dans le transport de marchandises en milieu urbain- Avril 12TH
L’écosystème logistique répond à la demande qui lui est faite : les commerces sont achalandés, les restaurateurs cuisinent, les chantiers sont approvisionnés en matières premières. Mais au prix d’une augmentation de la pollution, des encombrements, de la pénibilité du travail.
Les collectivités et les entreprises font aujourd’hui preuve d’innovation pour apporter des solutions : durcissement des réglementations d’accès, mobilisation de foncier pour la logistique en milieu urbain, nouvelles formes d’organisation, appel à l’innovation, mutualisation des flux, solutions adaptées à la livraison de colis aux particuliers. Pas de solution unique, mais un ensemble de pistes tenant compte de la diversité des tissus urbains et adaptées à la cinquantaine de filières économiques présentes en ville. Entre rusticité et innovation, nous vous proposerons un panorama de solutions économiques et écologiques
Marie-Hélène Massot
Professeure à l‘École d’Urbanisme de Paris, Université Paris EST-Créteil
Aperçu de la conférence – 12 avril La mobilité du quotidien autrement Pourquoi, comment?
Les grandes métaphores utilisées pour qualifier les sociétés contemporaines renvoient à deux thèmes majeurs, qui sont au coeur des travaux sur la mobilité des personnes dans l’espace, entendue ici comme les pratiques de déplacement de la conduite de la vie de tous les jours : la contraction du temps et la dilatation des territoires. Dilatation de l’espace à toutes les échelles, depuis la globalisation économique et culturelle et ses enjeux sociaux jusqu’à la constitution des mégalopoles ; contraction du temps, avec une macrosociologie (Bauman, Beck, Giddens et bien d’autres) qui met l’accent sur la généralisation du mouvement, l’accélération du changement, la nécessité de la réflexivité et de la flexibilité, l’omniprésence de l’incertitude. La microsociologie, qui pointe la fin des routines et nos comportements de zapping, n’est pas en reste.
C’est sur une logique d’allers-retours entre les exigences de l’hyper modernité, l’évolution des territoires du quotidien, l’identification des rationalités comportementales et l’observation des stratégies mises en œuvre par les acteurs que nous construirons notre propos sur les manières de penser et d’organiser la mobilité de demain.
Peter Norton
Professeur associé d’histoire au Département d’ingénierie et société, Université de Virginie
Aperçu de la conférence – 11 avril Une étrange utopie : se réapproprier l’histoire pour esquisser notre avenir
L’innovation technologique nous offre de nouveaux choix et de nouveaux moyens de les actualiser, mais elle ne nous indique pas ce que nous devrions rechercher. Étrangement, nous prenons souvent la technologie elle-même pour une réponse. Les solutions high-tech qui nous sont proposées sont « guidées par les données », comme s’il était vain de se demander quelles données sont importantes et ce qu’elles nous disent vraiment. Soulever de telles questions ne fait pas de vous un luddite. Cela signifie seulement que vous savez tirer le meilleur parti de ce que la technologie a à nous offrir : de nouveaux moyens de poursuivre les objectifs que l’humanité se donne. C’est reconnaître que nous avons un éventail de choix – high-tech, low-tech et no-tech.
Vouloir disposer de tout cet éventail, c’est reconnaître que l’objectif n’est pas de développer des systèmes autonomes, mais des êtres humains autonomes. Nous devrions le savoir depuis déjà longtemps. Il y a quelques générations en effet, les Nord-Américains se sont fait vendre une vision utopique de la liberté qu’apporterait la technologie. Un avenir idyllique, où il suffirait de prendre sa voiture pour aller n’importe où n’importe quand et se stationner gratuitement une fois arrivé, nous a été présenté comme un idéal de liberté, mais il n’a engendré qu’une dépendance à l’automobile, une absence de choix qui est le contraire de la liberté. La poursuite de cette chimère s’est avérée formidablement onéreuse, à bien des égards. On nous raconte maintenant que la technologie nous mènera plus sûrement à cet avenir d’accessibilité universelle, comme si l’échec en était imputable à la technologie elle-même et non à nos choix.
Or, cet idéal d’accessibilité universelle ne découlait pas d’une volonté des masses, mais a été vendu sur la base de promesses extravagantes qui ne pouvaient être tenues. Ceux qui l’ont vendu le justifiaient en l’inscrivant dans une trajectoire historique dessinée par leurs soins – une histoire mensongère écrite pour nous convaincre que la ville universellement accessible était celle que nous avions toujours voulue. Nous ne pourrons pas choisir l’avenir que nous voulons vraiment avant de nous être réapproprié l’histoire que nous avons perdue dans le sillage de cette campagne de propagande. Une histoire oubliée qui nous restitue tout l’éventail des moyens – high-tech, low-tech et no-tech – afin de nous mettre en quête de l’avenir de notre choix.